Philippe Rio
Maire de Grigny, France répond a vos questions World Mayor a invité les participants au Projet 2021 à poser des questions à Philippe Rio. Parmi les questions reçues, une sélection représentative a été transmise au Maire. Il y répond avec franchise, réflexion et dans le détail. INTERVIEW IN ENGLISH |
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L'INTERVIEW Question de Denise M., Paris: Qu’est-ce qui vous a fait entrer en politique et vous a décidé de candidater pour devenir Maire de Grigny? Philippe Rio répond: Mon entrée en politique, c’est le militantisme de la société civile et la défense des locataires dans le quartier de la Grande Borne. D’abord le droit au logement et la lutte contre toutes les formes d’exclusion, avec l’engagement associatif et enfin l’engagement politique local parce que j’aime ma ville. Une lecture m’a marqué dans mon engagement, c’est le Code Noir qui légalise l’esclavage et la traite négrière, en totale contradiction avec la dignité et les droits humains. Question de Yanis F., Grigny: Quels sont vos priorités pour Grigny? Ont-elles changé depuis que vous êtes devenu Maire de Grigny? Philippe Rio répond: La priorité des priorités, c’est le droit à la ville. La mère des batailles c’est l’éducation au sens large c’est à dire l’école mais aussi l’éducation par le sport et la culture. Le père des combats, c’est la lutte contre la pauvreté sans oublier la culture de la paix, la transition écologique de ma ville par une écologie inclusive et populaire. Mon combat, notre combat, c’est aussi celui pour garantir un logement digne, adapté aux besoins de la population gignoise dans un cadre de vie décent. C'est un droit au logement pour tous et plus largement un droit à la ville que nous portons à travers l'ensemble des politiques publiques qui sont déployées. Mes priorités ont du s’adapter à l’intensité des fragilités qui ont été accrues par la crise du COVID en creusant les inégalités sociales, en faisant exploser la pauvreté, en appuyant sur la nécessité de politiques fortes de santé au niveau local et d’un changement de modèle pour opérer une transition écologique. Question de Hervé V., Grenoble: J’ai lu avec intérêt, comment, pendant la pandémie, votre administration avait résolument aidé les grignois les plus pauvres. Après un long confinement, c’est comme si beaucoup d’enfants, particulièrement les plus pauvres, avaient démarré difficilement l’année scolaire en septembre. Quel aide et soutien la Mairie de Grigny a t-elle été capable de leur offrir? Philippe Rio répond: Dans le cadre de la Cité Educative, nous continuons notre politique de bonnes pratiques venant à soulager le budget des familles avec par exemple des kits de fournitures scolaires à la rentrée, les calculatrices scientifiques pour les classes de 6ème mais également des cahiers scolaires pour les vacances. Pour les jeunes, nous épaulons également les étudiants pour leur orientation à l’Université, l’aide à la recherche d’entreprise pour l’apprentissage, le développement de formation qualifiante et diplômante. C’est le collectif du monde des adultes au service de notre jeunesse qui demeure notre meilleur atout. Question de Françoise M., Grigny: J’ai 80 ans et je vis à Grigny depuis Noel 70. J’ai ouvert une école à la Grande Borne en septembre 1969 et enseignait pendant 18 ans. J’ai fini ma carrière d’enseignante comme formatrice pour les jeunes enseignants qui recoivent des enfants d’immigrés de toute la planète dans leur classe. Je sais très bien que la population grignoise est jeune, souvent pauvre et a besoin de soutien. Néanmoins, je voudrais vous posez une question personnelle lié à mon grand âge. Je voudrais passer mes vieux jours chez moi, bénéficier du service public local et me sentir en sécurité la nuit. Qu’est ce qui est fait pour les habitants comme moi pour vieillir en paix? Grigny a t-il une politique pour la population âge dans les prochaines années? Philippe Rio répond: Le COVID a notamment montré nos manques et insuffisances dans nos politiques publiques envers les aînés. Depuis le début de cette crise, nous avons multiplié nos actions envers les personnages âgées avec le suivi sanitaire, le doublement de portage de repas à domicile ou la pratique sportive voire simplement la relation téléphonique régulière pour combler les moments de solitudes de nos âinés. Ces nouvelles relations vont permettre de co-construire de nouvelles politiques publiques notamment en matière culturel. Nous avons su ainsi nous adapter et innover sur l’aller vers. Concernant le droit à la tranquilité et la sécurité, la mise en place d’une police municipale et de la vidéosurveillance répondent à ce besoin. Question de Bernard Z., Grigny: Durant le pic de la pandémie du Covid, la municipalité grignoise a introduit des mesures importantes pour protéger sa population. Pensez-vous les maintenir après la crise du Covid? Philippe Rio répond: Comme dit précédent, nous avons fait resilience tous ensemble. Il faut maintenir cet état d’esprit, les nouvelles pratiques mais aussi faire système autrement. Etrangement, l’urgence de la COVID a remis à l’ordre du jour l’urgence de l’essentiel comme l’éducation, le logement ou encore la pauvreté y compris l’emploi et la formation et de façon transversale et systémique. En effet, le COVID a été un révélateur des fragilités et vulnérabilité. A nous d’être à la hauteur sur le plan social, économique ou pour mieux vivre ensemble je pense au droit au sport et à la culture. Aprés l’urgence sanitaire, il est impératif de démultiplier les effets de nos politiques et d’en éviter les angles morts. En effet, avec l’appel du 14 novembre dernier que nous avons lancé avec une poignée de Maires de tout bord politique, qui a été signé par 200 Maires de quartiers populaires du pays et qui a fait venir à Grigny le Premier Ministre à l’occasion du Comité Interministériel à la Ville, nous avons su être porteurs de solutions. Ces mesures sont faites pour durer bien au delà de la crise du Covid-19. Les villes, le territoires et les leaders locaux comme les associations sont porteurs de solutions durables. Les pouvoirs locaux peuvent faire jaillir des solutions appliquées nationalement comme nous l’avons fait pour les Cités Educatives. Question de Cécile H., Grigny: C’est une partie du plan de lutte contre la pauvreté de Grigny de permettre à tous les enfants un accès à la restauration scolaire, ce qui signifie contre plus de repas vont être fournis et plus de nourriture jetée. Comment serez vous capable de limiter la quantité de nourriture jetée et de limiter les emballages jetés. Philippe Rio répond: Premièrement, depuis mars 2021, les petits déjeuners dans toutes les écoles maternelles sont une réalité et un succès nutritionnel et éducatif. Nous réfléchissons au petit déjeuner dans les écoles primaires. S’agissant de la cantine, notre objectif est de passé de 30 à 50% des élèves mangeant à la cantine. La lutte contre le gaspillage alimentaire est encore en mode expérimental (pesage des déchets alimentaires) et c’est un passage obligé pour mieux manger et manger plus sain. Les économies réalisées permettent le mieux manger, plus de qualité et une juste quantité. Question de Saran D., Grigny: Pouvez-vous envisagez de mettre en place des rencontres obligatoires de prise de conscience avec les parents pour lutter contre la délinquance des jeunes? Philippe Rio répond: Les parents ont un rôle fondamental dans l’éducation de leurs enfants. Mais plus généralement c’est au monde des adultes d’être à la hauteur des enjeux de violences chez les jeunes. Nos médiateurs de persévérance scolaire en primaire et en collège permettent de prévenir ces phénomènes. Notre ville est aussi celle où a éclot la Cité Educative (aujourd’hui présent nationalement dans 80 villes et bientôt 220) visant à fédérer tous ceux qui éduquent les enfants que ce soit dans ou en dehors de l’école: l’Education Nationale, les acteurs du sport, de la culture, les éducateurs ou les médiateurs de perseverance scolaire en primaire et college. Les mesures obtenues lors du Comité Interministériel à la Ville en présence du 1er Ministre vont permettre de renforcer les moyens de prevention et de mediation avec les bataillons de la prevention. Question de Roger G., France: Comment impliquer les citoyens grignois particulièrement les plus jeunes et ceux qui appartiennent à la partie la plus désavantagé de la ville dans les decisions prises qui les concernent? Philippe Rio répond: Le Conseil Municipal des enfants, celui des collègiens existent déjà et pourquoi pas celui des étudiants. Avec l’UNICEF, Grigny est de nouveau candidat au dispositif, ville amie des Enfants. Le droit des enfants est l’un de nos priorités et la participation des enfants et des jeunes un axe en developpement avec l’UNICEF. De nouvelles pratiques émergent pour le réaménagement d’espaces publics (aire de jeux, signalétique) et nous encouragent à poursuivre notre action en ce sens. Question de Yveline L., France: Est-ce que vous travaillez avec les entreprises pour preparer les jeunes à la vie professionnelle après qu’ils aient terminé l’école? Par exemple, est ce que les entreprises locales offer des opportunités de travail aux jeunes et/ ou une experience professionnelle et des stages de fin d’étude? Philippe Rio répond: L'enjeu c’est faire coincider les attentes des entreprises avec le savoir faire et le savoir être des demandeurs d'emploi. A Grigny, 50% des jeunes sortent du système scolaire sans diplome, sans qualification et sans avoir hérité de leurs parents des codes sociaux à connaitre en entreprise. Depuis 12 ans, nous avons un outil local, le centre de formation et de professionnalisation (CFP) que je préside. Nous sommes fiers que 60% des jeunes qui y sont formés soient des femmes et que 55% viennent des quartiers populaires. Ce centre de formation est l’université de ceux qui n’ont pas pu y accéder, une université de la seconde chance. Grigny accueille aussi Cuisine Mode d’Emploi Centre de formation aux métiers de la cuisine créer par un célèbre chef étoilé Thierry Marx venant compléter cette offre de formation comme la presence du Centre de Formation En Essonne, organisme de formation privé spécialisé dans les métiers sanitaires et sociaux. Chaque année, ce sont ainsi 1000 stagiaires apprenants qui se qualifient et réapprennent les codes du travail comme la ponctualité. L’enjeu de la maîtrise du français et des mathématiques est éssentiel dans ces parcours vers l’emploi durable. Question de François P., Chantal H. et Nathalie S., Grigny: Grigny est la ville la plus pauvre de France. Quels sont vos projets pour réduire la pauvreté? Philippe Rio répond: Nous voulons être le laboratoire national de la lutte contre la pauvreté. Nous avons remis ce plan à la Ministre de la Ville, le 18 décembre, lors de son passage dans notre ville. Nationalement nous avons pour objectifs d’interpeller et proposer des solutions pour vaincre la pauvreté en agissant sur les causes structurelles. Localement, nous demandons la mise en place d’un plan de lutte contre la pauvreté qui comprend 21 solutions comme les petits déjeuners gratuits dans les écoles, la précarité menstruelle, l’accès aux droits, le soutien renforcé aux femmes qui élèvent seulent leurs enfants, un soutien auprès de nos anciens et améliorer l’employabilité des demandeurs d’emploi notamment Si la ville concentre aussi un tel taux de pauvreté, c'est que la structure de son parc de logements contribue à attirer une population très vulnérable, très pauvre. L’enjeu est bien dans notre ville de poursuivre notre ambition de diversifier l'offre de logements et d’attirer des populations ayant des emplois et limiter l'arrivée de populations très vulnérables. Par le programme de renouvellement urbain d'ampleur, prêt de 20% du parc concerné, l'enjeu est bien de poursuivre l'ambition de diversifier l'offre de logements et notamment permettre aux jeunes ménages qui le désirent de se stabiliser sur Grigny en disposant de logements adaptés à leur besoin. En complément, à la Grande Borne, un plan d'action sur la maitrise du peuplement est au coeur des politiques publiques que nous développons en parallèle du renouvellement urbain. Cela passe entre autre par un travail étroit avec action logement (le réservataire de logement pour salarié) pour ainsi attirer des populations ayant un rapport à l'emploi, limiter l'arrivée de population très vulnérable, notamment les ménages issus d'autres départements, voire région, enclencher une transformation ambitieuse du parc de logements existant notamment aux abords des nouveaux transports en commun, en rescindant des grands logements en petits logements par exemple Sur Grigny 2, le sujet est plus complexe car les flux d'entrée ne sont pas maîtrisables dans les logements ayant un statut privé. Il y a donc à inventer/ adapter des outils visant à tarir la rente que représente la mise en location des logements à des populations fragiles exclues du logement social comme par exemple l'encadrement des loyers. Nous menons également une lutte acharnée contre les marchands de sommeil en les poursuivant au tribunal. En parrallèle, il nous paraît également nécessaire de mettre à disposition des propriétaires bailleurs des outils les accompagnants dans l'acte de louer. Des outils type agence locative vertueuse existe dans des grandes villes, actions logement développe également des outils à destination des propriétaires bailleurs. Nous souhaitons nous engager dans cette démarche. Question de Cécile H., Grigny: De changements sont en cours pour changer le visage du centre ville de Grigny? Alors que la ville a besoin de Nouvelles infrastructures, est-ce le bon équilibre entre des Nouvelles constructions et les espaces verts qui ont besoin d’être maintenus? Philippe Rio répond: Grigny c’est 25% d’espaces inconstructibles. C’est 60 hectares d’espaces lacustres source de biodiversité. Noter ville est un équilibre fragille entre espaces baties et espaces verts. L'arrivée en 2023, du tramway T12 et bus TZEN4, des nouveaux transports en commun structurant complémentaire du RER va permettre de rééquilibrer la densité de logements sur la ville avec une logique de dédensification aux abords de la gare (quartier anormalement dense) et d'intensification à proximité de la station de tramway en coeur de ville. La creation d’un Coeur de Ville est le garant d’une ville fraternelle et durable, offrant à la fois des espaces publics généreux, des services publics nécessaires à la population, des lieux de pratiques et de diffusion de la culture, du commerces et des emplois... A cela, s'ajoute une stratégie énergétique basée sur la géothermie profonde déployée depuis 2017 sur plus de 50% des logements et des équipements. La prochaine décennie va permettre de relier le parc de la Grande Borne et l'ensemble des équipements publics du quartier faisant de Grigny une ville à énergie renouvelable sur plus de 80% et la quasi totalité de ses équipements. Avec la géothermie, c'est aujourd'hui15.000 tonnes de CO2 en moins par an dans l’atmosphère tout en réduisant la facture des habitants. Demain avec le raccordement de la Grande Borne, le nombre de tonnes de CO2 en moins dans l'atmonsphère sera encore multiplié par 2. Ce projet exemplaire de lutte contre le réchauffement climatique se développe dans les villes voisines et va s‘intensifier à Grigny dans le nouveau centre ville. Question de Jean Paul G., Grigny: En 2019, Grigny est la première ville à avoir concu, dessiné et mis en place la Cité Educative, une initiative qu’à present beaucoup de villes ont suivi. CE projet ambitieux qui impliquent de nombreux partenaires, vise à founir à notre jeunesse désavantagée une ouverture à la culture, au sport, à la santé, à la sécurité, à la citoyenneté et à de nombreux sujets. Après plus de 18 mois de travail, pouvez-vous ce qui a été achevé et ce qu’il reste à faire? Philippe Rio répond: Eduquer un enfant, c’est du temps long et de la patience! Le travail d’équipe entre les enseignants, les parents d’éléves, la ville de Grigny et les associations a été remarquable, même lorsque la fracture numérique est une réalité. Le COVID n’a pas permis de faire les évaluations des résultats scolaires mais l’émulation autour de l’éducation des enfants est meilleure. Soyons conscients que changer les choses sera long mais nous sommes enfin sur le bon chemin ! Question de Pierre G., Grigny: Grigny est sur le point de construire un centre multiculturel. Comment ce centre va fournir des changements sociaux et écologiques comme l’inclusion des jeunes dans la société à travers l’éducation? Philippe Rio répond: La force de la culture n’est plus à démontrer comme moteur d‘emancipation et de liberté. Ce centre multicultural va tout d’abord être au coeur de la ville en construction. Quel formidable espace pour relier les habitants de tous les quartiers! Nos pratiques socio-culturels vont avoir un outil adapté pour le milieu scolaire ou associatif comme pour l’enseignement artistique. C’est une montée en puisance incroyable pour notre conservatoire de musique, de danse et d’arts plastique, notre Orchestre Symphonique des Enfants, pour nos pratiques sociales par la culture déjà reconnue par URBACT (programme d’échanges des villes européennes), pour le savoir faire des acteurs culturels de la société civile venant d’organiser une expo gratuite de 220 oeuvres de Banksy Human Collection dont les fonds sont distribués à SOS Méditéranée ou la perspective d’école de cirque après une école de théâtre en plein développement. Question de Emily P., France: Grigny est souvent dénommé ville la plus pauvre de France, est seulement à 30km de du Sud de Paris, une des villes plus riches du monde. Comment Grigny pourrait bénéficier de sa proximité avec la capitale? Philippe Rio répond: La proximité géographique n’est pas un atout en soi. La métropolisation libérale crée des ségrégations spaciales et sociales, d’abord par les politiques de logements discriminantes ou encore des solidarités territoriales inefficaces. L'enjeu est bien de mettre en place de réelles politiques de solidarité régionale, volontariste en matière de logement par un rééquilibrage réel du logement adaptée à une population à faible ressource. Ces logements, en nombre insuffisants sont concentrés dans quelques territoires supportant ainsi une charge de pauvreté régionale voire nationale, sans avoir les moyens de la gérer. C'est plus généralement une autre politique du logement qu'il faudrait déployer dans les territoires tendus comme l'Île de France où l'offre de logement public est insuffisante au regard des besoins. 70% des ménages sont éligibles au logement social alors qu'aujourd'hui le parc de logement social représente moins de 25% du parc de logement. Les territoires comme Grigny resteront des poches de pauvreté si un rééquilibrage adapté n'est pas opéré prenant compte des réalités sociales des habitants. En matière d'aménagement, il y a aussi un enjeu de complémentarité à appréhender. Aujourd'hui les opérations, les territoires sont en concurrence, comment construire des logiques de développement de territoire plus équilibré, redéployant les richesses, garantissant une accessibilité de qualité. L'échelle d'intervention n'est pas la ville mais bien le bassin de vie et plus largement la metropole. A l’échelle métropolitaine, Grigny et son intercommunalité a une experience concréte de coopèration avec la Ville de Paris pour une eau publique avec une gestion transparente. Nous sommes engagés dans une réappropriation des moyens de productions et de gestion de l’eau pour un juste prix, une juste qualité et un juste service. Cette coopération est unique à l’échelle régionale. Question de Faten K. France: Beaucoup de villes à travers la France, l’Europe et au delà font face à beaucoup de défis sociaux et économiques que connaissent Grigny? Philippe Rio répond: L’union fait la force. C’est pourquoi nous participons activement à Cité et Gouvernements Locaux Unis et nous avons eu la responsabilité de co-animer la commission “Droits Humains, Inclusion Sociale et Participation. Ma Vice Présidence de l’association d’élus “Ville et Banlieue” permet avec des élus de tous bords politique d’être mobilisés auprès du gouvernement français pour les villes populaires. Ce sont des échanges enthousiasmants et de bonnes pratiques, des réseaux de resistances, de créativité et d’innovation incroyables. Les territoires sont riches de bonnes solutions. Question de Danièle A., France: Pendant de nombreuses années, vous avez été un membre éminent de Maire pour la Paix. Pouvez-vous nous dire est ce que cette association est toujours pertinente et pourquoi des Maires à travers la France et ailleurs devrait la rejoindre? Philippe Rio répond: Je suis toujours actuellement président de l’association Maires pour la Paix. La paix c’est la condition d’exercice pleine et entière de la démocatie et la base du respect des droits humains. Nous avons la conviction que la culture de paix est aussi un enjeu local. Ban Ki moon, ancien délégué Générale de ‘l’ONU disait à une délégation de Mayors for Peace en 2010: « Construire un monde pacifique ne commence pas dans les salles de conférence à New York ou à Genève. Cela commence sur le terrain, dans les quartiers, dans les communautés. Cela commence par des leaders éclairés dans les villes et villages partout dans le monde. » Je crois qu’il a profondément raison, la paix c’est le bonheur, et la culture de paix a toute sa place dans les orientations politiques des pouvoirs locaux ! C’est en ce sens qu’une association comme « Maires pour la Paix » conserve plus que jamais toute sa pertinence, il nous faut diffuser et infuser cette culture de la paix, de la petite enfance à nos aînés, de l’art au sport, en passant par notre manière de penser l’urbanisme de nos villes, tout est lié à la paix, TOUT.Enfin, s’agissant de l’arme nucléaire, lorsque la France dépense 12 Millions d’euros par jour pour la modernisation de l’arsenal nucléaire… cela nous interroge, à l’heure du TIAN, à l’heure où cet argent pourrait servir à cultiver l’abondance, la paix et l’espoir d’un monde meilleur. Il nous faut le dénoncer, et proposer autre chose, une alternative, pour un monde de Paix. Voilà le rôle que peut jouer, que DOIT jouer cette association, et voilà pourquoi les gouvernements locaux devraient la rejoindre. Dans un pays fragmenté comme la France, un multilatéralisme mondiale bouleversé par le retour des nationalismes, une humanité fragilisée face aux crises sanitaires de la COVID avec ses consequences sociales et économiques, mobilisés aux défis du réchauffement climatique, la paix est le chemin commun à prendre et bien fragile à preserver. Maire pour la Paix oeuvre pour une paix mondiale durable et sans armes nucléaires en mettant en lumière le temoignage des Hibakhusas et s’engage pour des villes sûres et résilientes. Maire pour la paix interroge aussi les gouvernements sur les budget consacrées à la modernisation des arsenals nucléaires (12 millions par jour en France) et demande le respect du droit international en exigent la ratification du Traité d’Interdiction des Armes Nucléaires tout en développant des plan locaux à la culture de paix et à la non-violence. Question de Lina F., France: Vous êtes Maire de Grigny depuis 2012. Durant ces années, comment, avez-vous, selon vous fait la difference pour vos admnistrés? Philippe Rio répond: Etre Maire c’est d’abord un “sport” d’équipe à accomplir dans la proximité, l’écoute, l’échange et le respect de la parole donnée. Etablir clairement des objectifs et se donner à fond pour les réussir. Nous avons attiré l’atttention et obtenu des engagements au plus haut niveau de l’Etat sur les difficultés de notre ville par l’appel de Grigny le 17 octobre 2017 et encore récemment, le 29 janvier, en accueillant le Premier Ministre dans ma ville avec 7 ministres. Ce sont de véritables coups d’accélérateur pour notre ville et plus largement pour la place des quartiers populaires dans notre Nation. Pour les habitants de Grigny, c’est concrètement plus d’éducateurs spécialisés, plus de places en crèche, du matériel de santé, la reconduction du dispositif des vacances apprenantes ou encore de nouveaux équipements sportifs. Les 2 milliards que nous avons obtenus à l’échelle nationale vont permettre, à Grigny, de financer les projets de pôles éducatifs et de poursuivre la rénovation dans les secteurs du Méridien, de la place de l’Ellipse, de la Balance, du Minotaure et des Places Hautes. En centre-ville, les travaux avancent pour créer un quartier écologique et culturel, avec des logements à taille humaine. Un quartier qui sera celui de tous les Grignois pour se rencontrer, faire ses achats, se divertir et tout simplement vivre grâce à l’installation d’O’Marché Frais, d’un cinéma, d’un conservatoire de musique et d’art plastique, d’une médiathèque ou encore d’une salle de spectacle. À Grigny 2, par une décision unique en France, nous avons obtenu le financement à 100% TTC par l’État, à la place des copropriétaires, de travaux d’urgence et de sécurité qui devenaient impératifs malgré l’impossibilité pour beaucoup de propriétaires de les financer. Faire que demain soit meilleur qu’hier est plus que jamais le sens de mon engagement pour tous les Grignois ! Question de Alexandra I., France: Comment évaluez-vous, en tant que maire, les bénéfices des actions menées jusqu'à maintenant sur le plan culturel, dans des domaines qui semblent si éloignés de la culture de la population? Philippe Rio répond: La culture c’est la curiosité, c’est un apprentissage d’un autre point de vue ou d’une nouvelle langue comme la musique, des sourires d’apprendre et de faire ensemble par une chorale de la Grande Borne, des enfants du Conservatoire ou des visites des grands musées nationaux comme Le Louvre ou le Quai Branly. Et puis il y a la présence de cultures populaires, une réalité vivante et vivace à Grigny. Notre role est de créer des ponts entre les cultures par de la médiation culturelle et permettre des parcours de rencontres entre les cultures (découverte, initiation, perfectionnement) et ensuite la magie s’opère. L’exposition à Grigny qui s’est achevée le 10 juillet dernier a accueilli 5200 visiteurs en 13 jours mais aussi des éléves de 40 classes. J’ai vu l’un de ces enfants dire devant une oeuvre de Banksy: “C’est bien car sur un dessin il lance des fleurs, c’et mieux que des cailloux ou des cocktails Molotov” Quelle belle reflexion de culture de paix! Ou cette femme originaire des Comores découvrant la musique classique temoignant: “Maintenant, tous les soirs, en rentrant du travail, j’écoute de la musique classique. Cela me fait du bien et c’est beau”. Question de Alexandra I., France: Sur un plan personnel, qu'est-ce qui a généré chez vous un attrait vers la musique classique tel que vous avez décidé de le partager avec votre population? Philippe Rio répond: La musique est universelle. Mon attrait a été généré par la venue de l’orchestre de Massy dans les écoles de la Grande Borne et un concert annuel rendu possible par mon engagement associatif avec l’association DECIDER, association de lutte contre les exclusions. Cela existe depuis 20 ans maintenant Je n’aimais pas la musique classique masi j’ai appris et je me suis laissé convaincre par ces passionnées, ces amoureux. C’est l’expérience du beau; D’où notre slogan “Rien n’est trop beau pour notre Cité”. C’est ambitieux oui mais c’est un pari réussi et cela dure depuis 20 ans avec la meme envie chez les musiciens et le public de venir pour partager du beau. Cela serait impossible, sans ces femmes et hommes musiciens, mettant à disposition leur art en toute simplicité. INTERVIEW IN ENGLISH |